Situation : Les vieilles légendes existent dans plusieurs pays. Honoré Beaugrand a écrit cette légende en version québécoise.

« Je suis sorti de la cabane et j’ai vu six de nos hommes qui nous attendaient. Ils avaient un aviron à la main. Le grand canot était sur la neige dans une clairière*. Avant d’avoir eu le temps de réfléchir, j’étais déjà assis dans le devant du canot. Je tenais l’aviron* en attendant le signal du départ. J’étais un peu troublé. Mais Baptiste passait dans le chantier et il ne m’a pas laissé le temps de mieux comprendre ce qui arrivait. En fait, il ne s’est pas confessé* depuis sept ans. Il était debout à l’arrière et d’une grosse voix, il nous dit :

– Répétez avec moi!

Et nous avons répété :

– Satan, roi des enfers, nous te promettons de te donner nos âmes, si d’ici à six heures, nous prononçons les mots Satan et Dieu, en touchant une croix dans le voyage. À cette condition, tu nous transporteras, à travers le ciel, au lieu où nous voulons aller, et tu nous ramèneras ensuite au chantier de la même façon!

Nous allions plus vite que le vent. Pendant environ quinze minutes, nous avons navigué au-dessus de la forêt sans voir autre chose que le sommet des grands pins noirs. C’était une belle nuit et la pleine lune brillait comme un beau soleil du midi. Il faisait très froid et nos moustaches étaient couvertes de givre*, mais nous étions tous en nage*. »

* aviron: long bâton de bois qui sert à faire avancer un canot (rame, pagaie)
* clairière: endroit d’une forêt où il n’y a pas d’arbre
* confesser: dire aux prêtres ses pêchés (ce qu’il a fait de mal)
* givre: mince couche de glace
* être en nage: expression qui veut dire “avoir très chaud”

Piste d’enseignement FLS :
– récit au “je”
– genre de texte : légende (La chasse-galerie)
– dialogue
– expression idiomatique : être en nage

Source de l’extrait : Honoré Beaugrand, La chasse-galerie : légendes canadiennes, Laval, Éd. Grand duc, 2007.