Situation : Gustave Francq (1871 – 1952) était un typographe* et un militant* pour les syndicats*. Le texte ci-dessous présente un nouveau parti politique, nommé le parti ouvrier. Selon Francq, pourquoi le parti libéral et le parti conservateur ne pouvaient-ils pas représenter la classe ouvrière ?

« Le Parti Ouvrier est un groupement de citoyens qui pensent qu’il n’y a aucune différence entre les principes et le programme du parti libéral ou conservateur. Nous pensons que plus le gouvernement change, plus c’est la même chose! Quand les libéraux sont au pouvoir, ils deviennent conservateurs et les conservateurs deviennent libéraux.

Tous les gouvernements qui ont été au pouvoir depuis la Confédération ont agi uniquement dans l’intérêt d’une classe: la classe capitaliste et bourgeoise. Ils ne respectaient pas les promesses faites au peuple pendant les périodes électorales. Ils ont détruit le patrimoine national. Ils ont rendu plus riches et plus puissants les grandes entreprises et les trusts*. Ils ont rendu plus pauvre la classe ouvrière alors que les portefeuilles de ces partis se remplissaient. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.

[…]

N’hésitez donc pas, camarades, joignez le Parti Ouvrier! C’est le vôtre! En travaillant pour lui, vous travaillerez pour vous. Il demande les réformes dans votre intérêt. Le jour où il y aura des représentants dans tous nos Parlements, ce jour-là, le soleil des pauvres brillera d’un éclat lumineux sur notre liberté. Elle sera proche. La paix et le bonheur régneront sur terre. »

* typographe : personne qui place des caractères (lettres) pour imprimer un texte
* militant : personne qui défend les droits d’une personne ou d’un groupe
* syndicat : regroupement de travailleurs (RECITUS)
* trust : exploitation de nos ressources naturelles par des entreprises étrangères

Source de l’extrait: Gustave Francq, Le Parti ouvrier, septembre 1908. Cité dans Yvan Lamonde et Claude Corbo, Le rouge et le bleu: Une anthologie de la pensée politique au Québec de la Conquête à la Révolution tranquille, Montréal, PUM, 1999, p. 313-314.